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   "Henri, je t'embrasse!"

      par Jean Pierre Ceton



(Hommage à Henri Poncet sur proposition d'Isabelle Zribi pour un portrait collectif dans Remue.net)



Je retrouve l'image de sa grande et large silhouette surmontée d'un chapeau de feutre alors qu'il m’accueillait d'un sourire bien à lui, gare de Chambéry, dans les années 2000.
Henri Poncet avait publié beaucoup de poètes et d'écrivains, durant des années, tandis que j'étais un de ses auteurs de la dernière période.
Il évoquait facilement sa pratique à une autre époque de la politique, et aussi celle du sport d'endurance en haute montagne. Il confiait avec bonheur avoir eu "beaucoup de femmes et beaucoup d’enfants", à quoi on doit ajouter qu'il avait fait « beaucoup de livres ».
Henri les fabriquait, même s'il n'était plus imprimeur, désormais en numérique, à sa façon et selon son inspiration, cela faisait partie de son travail d'éditeur. Pas seulement de choisir des livres, ou plutôt de les refuser...
Il était parfois surpris que tant d'auteurs se tournent vers lui. Il lui arrivait d'en rigoler, se référant non sans malice à l'éditeur de Baudelaire. « Coco mal perché », il l'appelait?
Sauf qu'à ma connaissance Henri n'a pas fait de prison pour les livres édités, même s'ils l'ont lui aussi mené à la faillite, sachant aussitôt rebondir par L'Act Mem après Comp'Act.
Il avait eu tant d'amis que je ne pouvais être de son cercle d'amitié, mais chaque fois qu'on se téléphonait et se voyait à l'occasion du salon du livre, ou de la parution d'un des trois livres qu'il m'a publiés, nous nous retrouvions dans une écoute complice.
Ainsi avait-il pu me lancer, bien après la chute du mur de Berlin, ce "Qu'est-ce qu'on a pu être bête de croire à ça!", qu'au-delà de nos différences je pouvais partager pour une autre religion.


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18/8 /2015 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m. à j.  9/11/2015
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