lettre au lecteur                 

texte 15


La violence des scénarios

 par Alexie Virlouvet et Jean Pierre Ceton
Pour dire vite, quiconque se mettrait dans la tête d'imiter les personnages de beaucoup de films de cinéma ou de télévision serait sûr de commettre des actes réprimés par la société, souvent dommageables pour les autres et par conséquent se retrouverait vite à séjourner en prison et comparaitre devant des juges... C'est une observation que tout le monde peut faire.

Certains semblent s'être habitués aux scènes de violence de ces films, parfois de très grande violence même aux fameuses heures de grande écoute, certains peuvent ne pas les voir comme telles. D'autres en être gênés pour leurs enfants et pour eux-mêmes...
Profitons-en pour mettre hors jeu l'argument ignominieux avancé par des auteurs ou réalisateurs pour justifier la violence qu'ils mettent dans leur scénario. De toute façon, disent-ils, la violence existe, ce n'est pas la fiction qui l'est, c'est la vie qui est violente, rien ne sert de la nier.

Généralement ceux qui usent de cet argument concluent, sans se sentir en rien responsables, que la société est de plus en plus violente.

Pourtant ce qui semble caractériser notre époque est plutôt que nous acceptons de moins en moins la violence.
Il est donc un peu illogique que nous supportions cette représentation de violences, même si selon certains elle pourrait supplanter la réalisation de la violence qui donc resterait virtuelle.

Nous sommes de ceux qui supportons pas du tout ou mal ces images de violences exacerbées ou complaisantes. Et qui du coup comprenons difficilement qu’on les impose à de vastes publics alors qu’on hésite par exemple à montrer des images de la violence routière de peur de choquer les familles.

Ce n'est pas dire qu'il faut opérer une censure morale et ne diffuser que des séries dites à l’eau de rose.
C'est se demander s'il est possible de sortir de cette apparente fatalité à fabriquer de la fiction à partir des habituels ingrédients: un petit meurtre, un peu de torture, une attaque à l’arme blanche ou, pourquoi pas, un braquage accompagné d’une agression sexuelle?
Rien d'autre vraiment à écrire que le crime et le viol?

Se demander si la fiction est nécessairement liée à cela, à la violence des meurtres et des viols, des crimes et  des assassinats...
Et s'il est possible de sortir de l’indécrottable perspective de la fiction policière.
Au fond se demander s'il y aurait une fiction possible hors de ces fameux ingrédients? Est-ce qu’il y aurait d’autres pistes que celles de la violence des barbares ?

Le challenge serait donc d’essayer d’inventer des fictions où cette violence n’aurait plus la première place, ne serait-ce que pour participer à l’invention d’un monde moins violent.

Ce qui loin de détruire le cinéma ou la fiction fournirait du travail aux scénaristes. Au moins leur imposerait de se bouger la plume.
En réalité, ce qui se dessine, c’est que nous avons du travail à créer des scénarios de vie.
...

16/11/2006 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande/ m. à j.  2705/2007

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