lettre au lecteur              
 
 
texte 19
Images volées de la candidate

 par Alexie Virlouvet

Le soir du 6 mai, la candidate socialiste se rend au siège de son parti. Rien n'aurait dû filtrer de ce qu'elle allait y faire si une caméra plantée sur un toit de l'autre côté de la rue n'avait réussi à filmer à travers une fenêtre la candidate dans un rôle objectivement non public.

Ce sont des images volées qui s'effacent difficilement de la mémoire. On la découvre assise dans un fauteuil sous une apparence fort différente de celle captée lors de grands rassemblements où elle haranguait avec passion des foules de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Avec passion et liberté et bonheur, semblait-il

Elle qui n'a jamais parlé de défaite est là comme sur la défensive, dans ce bureau local, assise bas dans un fauteuil situé devant un bureau meuble, c'est ce qu'on peut imaginer.

Toujours je me suis demandé si cela était fait exprès que ces fauteuils soient bas, de sorte de devoir être en situation inférieure par rapport à la personne assise à son bureau, souvent un chef en effet, se tenant droit et haut en regard de sa fonction.

Car il y a quelqu'un assis en face d'elle, devant son bureau à lui. On peut le deviner aisément, elle est dans le bureau du premier secrétaire du parti qui se trouve être son mari. Parfois, dans l'échange, elle s'avance vers lui, on peut le supposer, et ses mains sont un moment occultées par les rideaux de tulle...

La discussion semble vive, non pas spécialement une dispute mais plutôt une discussion d'importance. La candidate répond avec des gestes de main qui expriment de la volonté. Les journalistes ont écrit qu'elle affirmait sa détermination à continuer, en tout cas à ne pas s'arrêter comme ça.

Ensuite on remarque qu'elle développe un tic de mains, les doigts se touchent et opèrent des frottements nerveux répétés à l'identique. Les ongles se heurtent, peut-être même opèrent une sorte de curage. C'est un tic répandu plus ou moins, comme il peut être plus ou moins agaçant. Il n'est pas exclusif des femmes mais sans doute l'est-il davantage que des hommes.

Ces tics des mains révèlent de l'angoisse, assurément de la tension, ou encore le fait d'être sous le pouvoir de, ou même illustre l'habitude d'être sous le pouvoir de...

La personne devant le bureau est un homme, qui plus est son mari, il peut être un homme non macho, l'est sans doute, voire féministe, il est quand même un homme d'habitude de pouvoir, il renvoie cette image du pouvoir...

Je préfère la candidat victorieuse, bien qu'elle ait perdu les élections et que peut-être elle les a perdues lors du duel télévisé où pour affirmer sa personne elle a cru devoir s'approprier des comportements masculins de bagarreuse...

Je préfère la femme gagnante de la bravitude à celle rabaissée par un pouvoir de mémoire ancestrale, même si l'homme en face ne le souhaitait pas... 

Elle est en l'occurrence dans une posture de bravoure commune à  l'homme macho autant qu'à la femme renvoyant le comportement qui y correspond.

13/06/2007 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande/ m. à j.  07/08/2007

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